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divendres, 27 d’abril del 2018

PAUL CLAUDEL POEMES


POEMES PAUL CLAUDEL 











Je suis ici, l'autre est ailleurs, et le silence est terrible :
Nous sommes des malheureux et

Satan nous vanne
[dans son crible.
Je souffre, et l'autre souffre, et il n'y a point de chemin
Entre elle et moi, de l'autre à moi point de parole ni
[de main
Rien que la nuit qui est commune et incommunicable,
La nuit où l'on ne fait point d'œuvre et l'affreux
[amour impraticable.
Je prête l'oreille, et je suis seul, et la terreur m'envahit.

J'entends la ressemblance de sa voix et le son d'un cri.
J'entends un faible vent et mes cheveux se lèvent sur
[ma tête.

Sauvez-la du danger de la mort et de la gueule de la
[Bête!
Voici de nouveau le goût de la mort entre mes dents,
La tranchée, l'envie de vomir et le retournement.
J'ai été seul dans le pressoir, j'ai foulé le raisin dans
[mon délire,

Cette nuit où je marchais d'un mur à l'autre en
[éclatant de rire.
Celui qui a fait les yeux, sans yeux est-ce qu'il ne me
[verra pas?

Celui qui a fait les oreilles, est-ce qu'il ne m'entendra
[pas sans oreilles?
Je sais que là où le péché abonde, là

Votre miséricorde surabonde.

Il faut prier, car c'est l'heure du Prince du monde.




Ni
Le marin, ni
Le poisson qu'un autre poisson à manger
Entraîne, mais la chose même et tout le tonneau et la veine vive.
Et l'eau même, et l'élément même, je joue, je resplendis !

Je partage la liberté de la mer omniprésente !
L'eau
Toujours s'en vient retrouver l'eau,
Composant une goutte unique.
Si j'étais la mer, crucifiée par un milliard de bras sur ses deux continents,
À plein ventre ressentant la traction rude du ciel circulaire avec le soleil immobile comme la mèche allumée sous la ventouse.
Connaissant ma propre quantité.
C'est moi, je tire, j'appelle sur toutes mes racines, le
Gange, le

Mississipi,
L'épaisse touffe de l'Orénoquc, le long fil du
Rhin, le
Nil avec sa double vessie,
Et le lion nocturne buvant, et les marais, et les vases souterrains, et le cœur rond et plein des hommes qui durent leur instant.
Pas la mer, mais je suis esprit ! et comme l'eau
De l'eau, l'esprit reconnaît l'esprit,
L'esprit, le souille secret,
L'esprit créateur qui fait rire, l'esprit de vie et la grande haleine pneumatique, le dégagement de l'esprit
Qui chatouille et qui enivre et qui fait rire !
O que cela est plus vif et agile, pas à craindre d'être laissé au sec!
Loin que j'enfonce, je ne puis vaincre l'élasticité de l'abîme.
Comme du fond de l'eau on voit à la fois une douzaine de déesses aux beaux membres,
Verdâtres monter dans une éruption de bulles d'air.
Elles se jouent au lever du jour divin dans la grande dentelle blanche, dans le feu jaune et froid, dans la mer gazeuse et pétillante !
Quelle
Porte m'arrêterait? quelle muraille?

L'eau
Odore l'eau, et moi je suis plus qu'elle-même liquide !
Comme elle dissout la terre et la pierre cimentée j'ai partout des intelligences !
L'eau qui a fait la terre la délie, l'esprit qui a fait la porte ouvre la serrure.
Et qu'est-ce que l'eau inerte à côté de l'esprit, sa puissance
Auprès de son activité, la matière au prix de l'ouvrier?
Je sens, je flaire, je débrouille, je dépiste, je respire avec un certain sens
La chose comment elle est faite !

Et moi aussi je suis plein d'un dieu, je suis plein d'ignorance et de génie !
O forces à l'œuvre autour de moi.
J'en sais faire autant que vous, je suis libre, je suis violent, je suis libre à votre manière que les professeurs n'entendent pas !
Comme l'arbre au printemps nouveau chaque année
Invente, travaillé par son âme,
Le vert, le même qui est éternel, crée de rien sa feuille pointue.
Moi. l'homme.
Je sais ce que je fais.
De la poussée et de ce pouvoir même de naissance et de création
J'use, je suis maître,
Je suis au monde, j'exerce de toutes parts ma connaissance.
Je connais toutes choses et toutes choses se connaissent en moi.
J'apporte à toute chose sa délivrance.
Par moi
Aucune chose ne reste plus seule mais je l'associe à une auue dans mon cœur.




LE SOMMEIL DANS LE CHAGRIN

Il faut dormir
Tout dort
Il faut souffrir
La mort.
Il faut souffrir la mort
Le jour est mort
Dors
Le ciel en or
Dort dort dort dort dort dort dort !
Plus une plainte !
Plus un souffle
Plus une crainte

Que n'étouffe
Le port

Dors dors
  • Le port d'or

    Dors dors
Plus rien
Mal et bien
Tout est bien
Je viens
Je dors
Tout est mort
Je dors

Tout est mort
Je dors

Tout est mort
Je dors.

...







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